Je suis de loin, moi, je suis d’Algérie. Je suis née en 28
là-bas. Mes enfants sont nés en Algérie aussi. Yvette est née à Rouina, dans le
département d’Alger. On bougeait pas là-bas. Mon père était forestier. Je n’ai
pas de bons souvenirs de mon enfance. J’étais en pension dans la famille. J’étais
souvent malade alors ma mère m’avait mise chez une de ses sœurs. On était à 25
kms d’un village. On ne pouvait pas m’emmener à l’école tous les matins. Mon père
avait droit à une journée de congé par semaine, et il ne fallait pas qu’il
change le jour. Il était fonctionnaire et c’était pas les fonctionnaires de
maintenant. Pour ma moi ma mère c’était ma tante.
Je suis restée des années avec elle. J’ai deux frères qui étaient dans un collège en pension. J’étais dans une école de filles jusqu’au certificat. On a été mélangé avec les garçons après le certificat, pour les cours complémentaires. J’ai passé mon brevet. Après j’ai quitté l’école, et je suis allée travailler à Alger. Mais avant le directeur de l’école avait raconté à mon père que je parlais à un garçon. Pourtant je parlais à tous. Mon père l’a pris méchamment. Il m’a fichu une ratatouille, aussi huit jours après j’avais levé le pied. J’étais partie ! J’ai pris des cours de sténo-dactylo et j’étais sténo-dactylographe dans une entreprise à Alger.
Je suis restée des années avec elle. J’ai deux frères qui étaient dans un collège en pension. J’étais dans une école de filles jusqu’au certificat. On a été mélangé avec les garçons après le certificat, pour les cours complémentaires. J’ai passé mon brevet. Après j’ai quitté l’école, et je suis allée travailler à Alger. Mais avant le directeur de l’école avait raconté à mon père que je parlais à un garçon. Pourtant je parlais à tous. Mon père l’a pris méchamment. Il m’a fichu une ratatouille, aussi huit jours après j’avais levé le pied. J’étais partie ! J’ai pris des cours de sténo-dactylo et j’étais sténo-dactylographe dans une entreprise à Alger.
Oh il y en avait des filles qui faisaient ce métier ! Elles
étaient tout bien maquillées avec des ongles peints, mais pour taper à la
machine, ça allait doucement (sourire). Dans l’entreprise où je travaillais, on
recevait tout le sucre Béghin pour le département d’Alger. J’y suis restée
quatorze ans jusqu’au moment où il a fallu partir, lorsque l’on nous a dit « la
valise ou le cercueil ». Je suis restée un an après l’indépendance. Mon
mari ne voulait pas rentrer. J’avais fait faire les papiers pour mes gosses. Mon
mari a été arrêté un samedi. Ils l’ont relâché le lundi soir et ils sont venus
me chercher le mardi matin pour me faire confirmer soi-disant ce qu’il avait
dit. Quand ils sont venus arrêter mon mari, je suis sortie et j’ai pris le
numéro de la voiture qui l’emmenait. Et je suis allée au consulat, mais c’était
un samedi. « On ne travaille pas aujourd’hui » voilà ce que l’on m’a
dit. Quand j’ai été arrêtée, ils voulaient me faire dire ce que mon mari avait
dit. Qu’est-ce qu’il avait dit ? « Votre mari nous a affirmé qu’il
envoyait de l’argent en France ». Je le savais. Alors j’ai dit oui. Mais on
envoie de l’argent parce que les livraisons que l’on nous fait en Algérie
doivent être payées en France. Mon mari, je l’avais connu à Alger. Il était d’origine
espagnole et italienne. Moi j’étais moitié espagnole, moitié française. Mon
père était bourguignon et ma mère était des Baléares. Mon mari était charcutier.
Les bouchers n’avaient pas le droit de vendre du cochon. C’était bien défini.
Pierrette est née le 29 juin 1927 à Nîmes. Mes parents habitaient à Frontignan, et ma mère est allée accoucher à Nîmes. Je me suis mariée à Saint Gilles, où j’habitais depuis l’âge de 12 ans. Je ne me plaisais pas à l’école de Saint Gilles. C’était le fait de changer d’école. Les enfants ne vous acceptaient pas. Je n’aimais pas aller à l’école. J’ai dit à ma mère « le certificat je ne le passerai pas ». Je suis allée ramasser les serments dans les vignes. Avec une copine on rigolait en ramassant les serments. A l’époque on travaillait dur, on ne regardait pas les heures. On était fier de travailler. Après j’ai travaillé aux paillassons. On assemblait des roseaux pour faire les palissades. J’ai fait ça jusqu’à mon mariage.
Comment j’ai rencontré mon mari ? Un dimanche avec ma mère on est allé en car avec des personnes âgées. Je ne trouvais pas ça terrible. Mais bon, là où on était il y avait un bal. J’avais remarqué un garçon qui me regardait, alors je descendais danser avec lui, mais je remontais vite ! Mes parents me disent : cet après-midi on va aller aux arènes. Je n’avais jamais mis les pieds aux arènes. De retour on faisait la farandole, c’est comme ça que je me suis retrouvée entre celui qui allait devenir mon mari et le futur mari de ma copine ! Le dimanche après, ma copine me dit « si on allait aux arènes ? ». On y est allé et là j’ai revu ce jeune avec lequel j’avais dansé. On était toutes les deux à la grille là, et l’on regardait. Tout d’un coup ce jeune s’approche, il me regarde et il me dit « dites-moi :dimanche passé vous n’étiez pas à tel endroit ? » Oh pétard ! Avec toutes les filles qu’il y avait, il m’a remarquée, moi (rires). « Je vous ai reconnue à vos pendants ! » J’ai dit ça alors ! Puis les garçons sont repartis. Le dimanche après avec ma copine, on se dit ah c’est dommage qu’on les voie pas (elle, elle avait pris le béguin de suite). Et té regarde ! Ils étaient tous les deux en bas ! Quand je me promenais avec ma copine, je luis disais « mais comment il s’appelle ce gars ? » Elle me répétait CA… Mince je disais, il a un nom à coucher dehors, et bien un an après, ce nom, je le portais…
Pierrette est née le 29 juin 1927 à Nîmes. Mes parents habitaient à Frontignan, et ma mère est allée accoucher à Nîmes. Je me suis mariée à Saint Gilles, où j’habitais depuis l’âge de 12 ans. Je ne me plaisais pas à l’école de Saint Gilles. C’était le fait de changer d’école. Les enfants ne vous acceptaient pas. Je n’aimais pas aller à l’école. J’ai dit à ma mère « le certificat je ne le passerai pas ». Je suis allée ramasser les serments dans les vignes. Avec une copine on rigolait en ramassant les serments. A l’époque on travaillait dur, on ne regardait pas les heures. On était fier de travailler. Après j’ai travaillé aux paillassons. On assemblait des roseaux pour faire les palissades. J’ai fait ça jusqu’à mon mariage.
Comment j’ai rencontré mon mari ? Un dimanche avec ma mère on est allé en car avec des personnes âgées. Je ne trouvais pas ça terrible. Mais bon, là où on était il y avait un bal. J’avais remarqué un garçon qui me regardait, alors je descendais danser avec lui, mais je remontais vite ! Mes parents me disent : cet après-midi on va aller aux arènes. Je n’avais jamais mis les pieds aux arènes. De retour on faisait la farandole, c’est comme ça que je me suis retrouvée entre celui qui allait devenir mon mari et le futur mari de ma copine ! Le dimanche après, ma copine me dit « si on allait aux arènes ? ». On y est allé et là j’ai revu ce jeune avec lequel j’avais dansé. On était toutes les deux à la grille là, et l’on regardait. Tout d’un coup ce jeune s’approche, il me regarde et il me dit « dites-moi :dimanche passé vous n’étiez pas à tel endroit ? » Oh pétard ! Avec toutes les filles qu’il y avait, il m’a remarquée, moi (rires). « Je vous ai reconnue à vos pendants ! » J’ai dit ça alors ! Puis les garçons sont repartis. Le dimanche après avec ma copine, on se dit ah c’est dommage qu’on les voie pas (elle, elle avait pris le béguin de suite). Et té regarde ! Ils étaient tous les deux en bas ! Quand je me promenais avec ma copine, je luis disais « mais comment il s’appelle ce gars ? » Elle me répétait CA… Mince je disais, il a un nom à coucher dehors, et bien un an après, ce nom, je le portais…