Je suis née à Arles le deux décembre mille neuf cent cinquante, et j’ai toujours vécu Mas-Thibert. Il fait partie de ces nombreux villages qui font de la commune d’Arles la plus grande commune de France de par sa superficie. Nous habitions une grande maison. Celle du garde digues chez mon oncle et ma tante. Cette maison a fini par être rasée. Il faut avoir une bonne raison pour se rendre dans mon village ou simplement y habiter .Construit autour des marais, on y cultive le blé, le riz, le tournesol et le foin qui nourrit les moutons et les taureaux camarguais.A la belle saison les touristes se pressent aux portes du marais du Vigueirat pour y admirer la faune et la flore, postés en des endroits stratégiques dans de petites cabanes de chasseurs reliées entre elles par des passerelles en bois au milieu des marécages et des nuages de moustiques. De belles balades en calèches sont également proposées.
A l’époque, Le canal tenait une grande place dans la vie
quotidienne des villageois. Les vieux y lavaient leurs linges, et par manque de
commodités les gens y déversaient leurs sceaux remplis suite à des besoins naturels évidents.
Au jour d’aujourd’hui, le village s’est appauvri de ses
commerces de proximité. La mercerie et le buraliste du bout du village ne sont
plus là, et je me souviens du temps ou le coiffeur se faisait une petite place
dans un coin du bar restaurant pour coiffer des cheveux trop ébouriffés et
raccourcir des bacchantes trop longues avant d’investir son propre local. Il y
avait également deux boulangeries, un garagiste dont le fils plus très loin de
la retraite à repris lui a succédé.Les pompes vont arrêter de fonctionner cette
année. Il ne fera plus que des réparations. La poste est toujours là, le docteur aussi.
J’oubliais le maréchal ferrant .Monsieur Meffre Fernand Il travaillait le cuir
et fabriquait des selles de cheval sur la route de Port-St Louis du Rhône à droite dans une cabane de gardian
qui existe toujours mais qui est laissée à
l’abandon : « La cabane de Jean Mizon ».
Etant petite Je suis allée à l’école primaire et après j’y
ai fait le ménage. J’ai travaillé au début en remplacements comme femme
d’entretien et aide cantinière puis j’ai été embauchée et retraitée. Je me
souviens du temps où nous accompagnions les enfants à la mer pendant les
colonies de vacances à Salin de Giraud. A l’heure où les enfants reprenaient le
chemin du retour avec le car, le soir, je restais pour vider, nettoyer, et
remettre de l’eau propre dans les sceaux car sur la plage moins qu'ailleurs il n'y avait de toilettes. Le retard pris chaque soir à effectuer cette tache me faisait
rater l’heure de la traversée du Rhône
avec la navette fluviale du bac de Barcarin. Je rentrais souvent à pied, ou quelques fois des
personnes me prenaient au bord de la route. J’ai également travaillé au Mazet.
De l’autre côté de Mas-Thibert dans le bidon ville dédié aux harkis.
Récit de Lucette Tibaldi retranscrit par Antoinette