"En 56, quand le Rhône avait gelé, le prêtre nous avait menés jusqu'à son mitan". Divette se souvient de tout ça comme si c'était hier. "La bombe est tombée dans la chambre de mon père!". Elle parle du bombardement du Pont de Trinquetaille en 1945, l'ultime qui a fait sauter le pont, après qu'il ait été loupé pas mal de fois. Sur le pont il y a avait des gens, qui sont tous morts bien sûr.
"Après ils ont fait venir la Jeanne d'Arc, et les gens traversaient le Rhône ainsi". Le fleuve alimente la vie arlésienne. Il est présent dans toutes les conversations. Tout comme la guerre. Ceux qui l'ont vécue, ne l'oublient pas...
Nous avons entrepris avec l'association des Territoires Poétiques, un travail sur la mémoire auprès des habitants du Pays d'Arles. Des séances ont lieu régulièrement dans les foyers du CCAS d'Arles. Elles rassemblent des personnes ayant envie de partager librement leur histoire personnelle, en parcourant l'histoire locale. Dans ce blog nous relatons les "grands" moments de la "petite" histoire de chacun.
lundi 3 février 2014
17 octobre: foyer Billot
Le petit groupe se réunit au calme. Chacun prend la parole pour évoquer le travail, l'école, la guerre.
Certains souvenirs sont douloureux. Ils en appellent d'autres.
Cette dame était épicière, l'autre fille du cafetier. Elles en connaissent un bout sur la vie et les moeurs locales.
Les hommes qui boivent. les fêtes sont là pour ça: fête votive, feria...
Fikri, l'animateur du CCAS, est toujours très attentif à la parole des participants.
J'enregistre, je filme, je retranscris...Je suis à l'écoute...
Certains souvenirs sont douloureux. Ils en appellent d'autres.
Cette dame était épicière, l'autre fille du cafetier. Elles en connaissent un bout sur la vie et les moeurs locales.
Les hommes qui boivent. les fêtes sont là pour ça: fête votive, feria...
Fikri, l'animateur du CCAS, est toujours très attentif à la parole des participants.
J'enregistre, je filme, je retranscris...Je suis à l'écoute...
Salin de Giraud
Faisons un tour de cette curieuse cité ouvrière où il y avait deux usines, deux clans, dont aujourd'hui les habitants semblent être les orphelins.
Car si les usines ont fait les beaux jours de Salin, depuis plusieurs années, la crise étant passée par là, elles ne tournent plus, ou si peu.
Salin de Giraud est né la soude et du sel, longtemps exploités par des ouvriers dont on me raconte des récits très durs. Des conditions de travail épouvantables, les pieds rongés par le sel. Des patrons très paternalistes qui ont construit les cités ouvrières, et pensé au dispensaire où les gamins allaient se faire soigner les dents, ou se faire piquer des vaccins obligatoires. Les Grecs qui ont construit une église orthodoxe dans des anciens baraquements laissés par les Américains après guerre. La nouvelle église catholique, elle aussi construite pour permettre aux ouvriers de cette confession, venus d'Italie, d'Espagne et de France, de se rendre au culte. Les bistrots, bien sûr où l'on se retrouve pour boire un coup, et jouer aux cartes. Les arènes qui sont là pour fédérer autour de la culture locale...
Et puis tous ceux qui vont à la pêche, et à la chasse dans les grands espaces voisins. La mer si proche, les étangs omniprésents.
Ceux qui sont d'ici, ceux qui viennent d'ailleurs. Des guerres sourdes de clochers.
Car si les usines ont fait les beaux jours de Salin, depuis plusieurs années, la crise étant passée par là, elles ne tournent plus, ou si peu.
Salin de Giraud est né la soude et du sel, longtemps exploités par des ouvriers dont on me raconte des récits très durs. Des conditions de travail épouvantables, les pieds rongés par le sel. Des patrons très paternalistes qui ont construit les cités ouvrières, et pensé au dispensaire où les gamins allaient se faire soigner les dents, ou se faire piquer des vaccins obligatoires. Les Grecs qui ont construit une église orthodoxe dans des anciens baraquements laissés par les Américains après guerre. La nouvelle église catholique, elle aussi construite pour permettre aux ouvriers de cette confession, venus d'Italie, d'Espagne et de France, de se rendre au culte. Les bistrots, bien sûr où l'on se retrouve pour boire un coup, et jouer aux cartes. Les arènes qui sont là pour fédérer autour de la culture locale...
Et puis tous ceux qui vont à la pêche, et à la chasse dans les grands espaces voisins. La mer si proche, les étangs omniprésents.
Ceux qui sont d'ici, ceux qui viennent d'ailleurs. Des guerres sourdes de clochers.
16 octobre à Belmondo
Il y a toujours un peu de brouhaha dans le foyer. Avec José, nous nous tenons à l'écart. Il me raconte sa jeunesse de boxeur. On l'appelait "le Marseillais". Il faisait aussi de la moto, et me parle du circuit lors de la fête de Trinquetaille. Il allait chercher sa future épouse sur sa Motobécane BSA. Puins quand il s'est marié il s'est acheté une Triumph! . Depuis il a vécu toutes les guerres, les inondations, la maladie...
Il est né rue Michelet, en 1929. Il se souvient des bombardements des Américains, pendant la guerre. Ce sont eux qui ont fait sauter le pont de Trinquetaille. Il avait attrapé la gale du pain. C'est un officier allemand qui l'a soigné. C'est lui aussi qui l'a orienté vers un travail de mécano dans un garage. Pendant la guerre, il déchargeait des sacs de ciment à la gare. Après le premier bombardement en 43, les enfants n'allaient plus à l'école. La Gestapo les réquisitionnait pour aller balayer les routes...
Une dame très discrète me raconte comment elle a passé toute sa vie aux Nouvelles Galeries, un monument arlésien! Elle allait faire les achats des derniers vêtements à la mode à Paris. Les Nouvelles galeries à Arles, c'était quelque chose! Ce magasin aujourd'hui disparu, est tout empreint de nostalgie.
Une autre dame me raconte son enfance près du château d'Avignon. Son mari qui travaillait dur dans les champs. Le petit train qu'elle prenait pour venir à Arles. Train qui lui non plus, n'existe plus.
Au fur et à mesure chacun se remémore ses souvenirs.J'enregistre et je retranscrirai plus tard l'ensemble de ces précieux témoignages.
Il est né rue Michelet, en 1929. Il se souvient des bombardements des Américains, pendant la guerre. Ce sont eux qui ont fait sauter le pont de Trinquetaille. Il avait attrapé la gale du pain. C'est un officier allemand qui l'a soigné. C'est lui aussi qui l'a orienté vers un travail de mécano dans un garage. Pendant la guerre, il déchargeait des sacs de ciment à la gare. Après le premier bombardement en 43, les enfants n'allaient plus à l'école. La Gestapo les réquisitionnait pour aller balayer les routes...
Une dame très discrète me raconte comment elle a passé toute sa vie aux Nouvelles Galeries, un monument arlésien! Elle allait faire les achats des derniers vêtements à la mode à Paris. Les Nouvelles galeries à Arles, c'était quelque chose! Ce magasin aujourd'hui disparu, est tout empreint de nostalgie.
Une autre dame me raconte son enfance près du château d'Avignon. Son mari qui travaillait dur dans les champs. Le petit train qu'elle prenait pour venir à Arles. Train qui lui non plus, n'existe plus.
Au fur et à mesure chacun se remémore ses souvenirs.J'enregistre et je retranscrirai plus tard l'ensemble de ces précieux témoignages.
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